3.12 – Réactions face aux conditions créées par le libéralisme classique (suite)



Question à l'étude : La résistance à l'idéologie est-elle justifiée?


Changement du libéralisme classique vers le libéralisme moderne

La révolution industrielle marque le début des temps modernes. Elle a vu naitre les avancements technologiques qui font partie de notre quotidien. Cependant, les ouvriers des premiers jours de l'industrialisation en Angleterre étaient exploités par les propriétaires d'usines. Les salaires étaient dérisoires, les villes étaient bondées de monde, la violence, la saleté et la poussière de houille étaient partout, car on se servait du charbon pour alimenter les machines à vapeur (les moteurs électriques et à essence n'existaient pas encore). Les ouvriers étaient souvent malades, les maladies endémiques à cause de l'absence de systèmes sanitaires. Il n'y avait pas de système de prélèvement des ordures et les consultations médicales trop chères. Les travailleurs, travailleuses et enfants devaient travailler de longues heures sans qu'on se préoccupe de leur santé ou de leur sécurité.

Avant 1802, en Angleterre, il n'existait aucune loi pour protéger les ouvriers des conditions de travail dangereuses ou des longues journées de travail ni de l'usage des enfants comme main-d'œuvre. En Grande-Bretagne, comme dans le reste de l'Europe, la société fonctionnait selon la politique de laissez-faire issue du libéralisme classique. Si les ouvriers étaient prêts à travailler dans de telles conditions, le gouvernement n'avait donc rien à dire.

Toutefois, les travailleurs n'étaient plus en mesure de travailler dans de telles conditions. Ils n'avaient cependant pas le choix, mais de temps à autre, les travailleurs exprimaient leur mécontentement envers les propriétaires. Au début de la révolution industrielle, très peu de progrès a été réalisé. Le gouvernement ne permettait pas aux travailleurs de se regrouper pour former des syndicats, car donner plus de droits aux travailleurs signifiait une baisse des profits pour les dirigeants. À cette époque, ces derniers contrôlaient le gouvernement.

Plusieurs mouvements se sont formés pendant la révolution industrielle. Leurs buts étaient d'améliorer les conditions de travail et de vie pour la classe ouvrière. Ces groupes ont commencé à faire pression sur la société et les gouvernements afin que des lois soient créées pour améliorer la vie des travailleurs d'usine. À ces travailleurs, s'ajoutaient des entrepreneurs comme Robert Owen qui favorisaient déjà un meilleur traitement de ses travailleurs et qui désiraient promouvoir les droits de la personne partout. Même les vedettes de l'heure faisaient souvent partie de ces groupes.

Même John Stuart Mill a vu sa pensée se modifier. Voici ce qu'il a entre autres dit :

« Pour atteindre son plein potentiel, les individus devraient en faire autant que possible pour soi-même. »

Cela ressemblait beaucoup aux enseignements d'Adam Smith. Les opinions de Mill ont commencé à changer cependant, alors qu'il constatait la détérioration des conditions des travailleurs d'usine. Il s'est rendu compte que le gouvernement avait le devoir de s'impliquer davantage dans l'économie.

Mill en est venu à préconiser que le gouvernement agisse afin de mettre un terme aux abus du capitalisme. Selon lui, le capitalisme pouvait être amélioré sans toutefois disparaitre.


© 2009 Jupiterimages Corporation
Robert Owen était un fabricant de textiles. Selon lui, le rendement des travailleurs était directement relié aux conditions de vie de ces derniers. À ses frais, il a fait construire, vers 1800 en Écosse, une communauté. Ses employés étaient bien rémunérés et avaient accès à des logements de qualité supérieure et même à des écoles. Afin de combattre l'inflation, il a érigé un magasin où on pouvait acheter de la marchandise à bon marché.

La communauté de la filature d'Owens était une réussite pour ses employés et était aussi rentable.

© 2009 Jupiterimages Corporation
Charles Dickens, auteur britannique bien connu, a beaucoup écrit sur les conditions sordides dans lesquelles vivait la classe ouvrière. Dans une illustration tirée de son œuvre Conte de Noël publiée en 1843, une illustration représente les enfants de la misère du personnage Ebenezer Scrooge. Le besoin et le désir démontrent ce qui arrive aux enfants de ce monde lorsque l'homme perd son âme aux dépens du capitalisme et néglige le bienêtre de ses semblables. Scrooge représente l'avide capitaliste.

Les Factory Acts britanniques sont de bons exemples des changements apportés par le gouvernement à la suite des revendications des travailleurs. Les employés ne voulaient plus travailler dans de dures conditions. Une grande partie de cette législation industrielle a vu le jour dans le but de protéger la classe ouvrière, surtout la main-d'œuvre enfantine.


© 2009 Jupiterimages Corporation
Travailleurs organisant une grève, 1895
Les Factory Acts ont aussi joué un rôle dans la naissance des mouvements syndicaux. Un groupe d'ouvriers peut se former et représenter la volonté des travailleurs. Les mouvements syndicaux sont mieux placés pour revendiquer les besoins des travailleurs. Ceux-ci peuvent continuer à travailler pendant que les dirigeants syndicaux négocient de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires.

Dans les années 1870, les syndicats ouvriers étaient bien organisés et tolérés en Grande-Bretagne. À cette époque, tous les travailleurs jouissaient d'une journée de travail de 10 h, du droit de grève et de vote aussi. La population active était désormais établie. La révolution industrielle a mené à la législation du travail Factory Acts. Cette situation a ouvert les portes à l'étude et l'évaluation du libéralisme classique.

Lis « L'amélioration des conditions de la classe ouvrière : les normes de travail et les syndicats » aux pages 126 à 128 de ton manuel Comprendre les idéologies. Ces pages t'aideront à approfondir ta compréhension des réactions au libéralisme classique.

Vers la fin du 19e siècle, le droit de vote était accordé à la plupart de la population plutôt que d'être seulement réservé aux riches propriétaires fonciers. Les démocraties libérales sont apparues en Europe où on avait tendance à protéger les droits de l'individu et de la collectivité. Les croyances et valeurs du libéralisme classique ont lentement évolué, et vers la fin du XIXe siècle, les programmes gouvernementaux de sécurité sociale tels l'enseignement public ou l'assistance sociale ont commencé à apparaitre. Les fervents du libéralisme classique étaient de vifs opposants à l'État-providence, mais le libéralisme moderne évoluait grâce au besoin de meilleures conditions de travail et de vie en général ainsi que davantage d'égalité. Tout ça pour le bien commun, c'est-à-dire, non seulement les riches, mais aussi pour la classe ouvrière qui commençait à tirer profit de cette vague de renouveau.

Lis « L'amélioration des droits et augmentation du nombre d'interventions gouvernementales : l'État-providence » aux pages 129 à 133 de ton manuel Comprendre les idéologies. Ces pages t'aideront à approfondir ta compréhension des réactions au libéralisme classique.

Libéralisme moderne

Le libéralisme moderne est issu du besoin ressenti par la population en général d'élargir les droits et libertés, y compris l'égalité économique, à tous les membres de la société - pour le bien commun. Le libéralisme moderne, bien qu'il inclue les droits et libertés individuels du libéralisme classique, comprend aussi une intervention gouvernementale accrue dans la société. Sous le libéralisme moderne, les gouvernements interviennent dans la société en garantissant le droit de vote aux femmes et à d'autres groupes, en autorisant les syndicats et en créant des programmes de sécurité sociale. Ces programmes incluent l'enseignement public, l'assurance-emploi, l'assurance-maladie, les pensions de vieillesse, les congés de maternité et de l'aide sociale.

Le développement du libéralisme moderne a permis aux démocraties du tournant du XXe siècle de mettre en place des programmes de sécurité sociale.

Lis « Du libéralisme classique au libéralisme moderne » aux pages 134 à 136 de ton manuel Comprendre les idéologies. Ces pages t'aideront à approfondir ta compréhension des réactions au libéralisme classique.

Le libéralisme classique est passé au libéralisme moderne grâce à des changements, notamment de la part du gouvernement, dans les domaines suivants :

  1. Normes du travail : Lois, tels les Factory Acts, qui ont joué un rôle dans l'amélioration des conditions de travail en offrant des journées de travail moins longues, un milieu de travail plus sécuritaire et salubre, et une baisse de la main-d'œuvre enfantine.
  2. Syndicats : Organisations formées par et pour les travailleurs ayant pour but d'améliorer les conditions de travail et salariales.
  3. Droit de vote : Le droit de vote est étendu pour inclure les hommes qui ne sont pas propriétaires.
  4. Protection des droits de la personne : Les droits de la personne assurent désormais la protection de tous les citoyens, peu importe la race.
  5. Féminisme : Par la détermination de femmes de tête, les femmes se sont battues pour obtenir l'égalité aux hommes, le droit de vote et la protection de leurs droits de la personne.
  6. L'État-providence : Les gouvernements ont mis en branle des programmes de sécurité sociale comme l'assurance-emploi, l'assurance-maladie, les pensions de vieillesse et l'enseignement public.


Comparaison entre le libéralisme classique et le libéralisme moderne
Libéralisme classique Libéralisme moderne
  • Cherche à promouvoir les intérêts individuels
  • Cherche à promouvoir les intérêts collectifs
  • Droits et libertés absolus pour les individus
  • Droits et libertés existent pour les individus dans la mesure où ils sont encouragés par la collectivité
  • Intervention gouvernementale minimale
  • Intervention gouvernementale présente, mais dans le but de s'occuper de la majorité

Comme le libéralisme moderne partage certaines valeurs avec le collectivisme, il se retrouve plutôt vers la gauche de l'éventail économique et politique. D'un autre côté, comme le libéralisme classique partage, lui, des valeurs individualistes, il se retrouve donc à droite du même éventail.