4.12 – Émergence du communisme


Question à l'étude : Dans quelle mesure la résistance au libéralisme est-elle justifiée?


La Russie était le plus grand pays du monde, avec une géographie et des ressources diverses et un mélange de cultures et de religions. Elle avait été gouvernée par des monarques absolus et par l'aristocratie russe pendant des siècles. La majorité des Russes étaient des paysans analphabètes qui ne pouvaient pas voter. Historiquement, la plupart des Russes avaient été des serfs, des ouvriers forcés de travailler dans les maisons et les champs de propriétaires fonciers en échange de leur protection. Ils avaient peu ou presque pas de revenus, peu de droits juridiques et, par conséquent, peu de pouvoir sur leur propre vie. La Russie ne s'était pas industrialisée à la même vitesse que d'autres nations européennes et les richesses y étaient très inégalement distribuées. Au milieu du 19e siècle, l'empire de la famille Romanov s'étendait sur plus d'un sixième de la surface de la Terre. C'était un « monde entier autosuffisant, indépendant et absolu » qui disposait de la plus grande richesse de l'Europe. Le tsar (quelquefois orthographié « tzar ») Nicholas II s'est opposé aux idées de l'Ouest, y compris à la démocratisation.

En 1861, une énorme réforme libérale s'est produite avec l'émancipation des serfs. Vingt-trois-millions de serfs ont reçu les droits des citoyens, notamment le droit de se marier sans le consentement de leur propriétaire foncier, le droit de propriété et le droit de posséder une entreprise. Les paysans qui avaient été les ouvriers des champs pouvaient acheter des terres aux propriétaires; les serfs qui travaillaient dans les maisons ont gagné leur liberté, mais aucune terre. Cependant, ce changement n'était pas entièrement réussi parce que beaucoup de serfs libérés ne pouvaient se permettre d'acheter suffisamment de terre pour nourrir leur famille. Ils ont donc emprunté de l'argent pour acheter des terres, mais le prêt qu'ils ont contracté était beaucoup trop élevé pour qu'ils puissent le rembourser.


© Autour du Palais d'hiver, Michail I. Avilov.
Courtoisie de l'Institut international d'histoire sociale, Pays-Bas


En janvier 1905, des ouvriers non armés et leurs familles marchaient paisiblement vers le palais pour présenter une pétition pour obtenir plus de droits. Menés par un prêtre russe, les ouvriers ont demandé de meilleures conditions de travail, une journée de travail de huit heures, des salaires plus équitables et le droit de vote. Influencées par les idéaux libéraux, leurs demandes étaient semblables à celles des travailleurs de partout en Europe. Cependant, à la différence de leurs homologues des autres pays, les Russes n'ont pas obtenu la réforme démocratique qu'ils souhaitaient. Au lieu de cela, ils ont été abattus par la garde impériale dans un massacre maintenant connu sous le nom de « Dimanche sanglant ». Au moins 1 ;000 personnes ont été tuées ce jour-là.

Le Dimanche sanglant a déclenché une large gamme de réactions dans la Révolution russe de 1905. Des protestations, des grèves d'ouvriers et des soulèvements ethniques se sont produits partout à travers le pays, et ont mené à l'établissement de la Douma, le parlement russe. Même si le tsar avait promis plus de libertés pour les gens et du pouvoir pour le gouvernement élu, en réalité, il n'avait aucune intention d'abandonner son contrôle absolu du pays.


La première Douma a duré uniquement dix semaines. La deuxième Douma a été composée de sociaux-démocrates, de révolutionnaires sociaux et de membres de la droite. Accusée par le premier ministre de comploter pour un renversement armé du tsar, la deuxième Douma a rapidement été dissoute. De nouvelles règles qui ont donné de plus grands pouvoirs aux propriétaires fonciers ont garanti que les riches auraient un plus grand contrôle; la troisième Douma, qui n'était donc pas représentative, a duré ses cinq années entières.


a commencé en 1914, entrainant encore plus de problèmes pour les Russes. Le manque de nourriture, les grèves des ouvriers et les énormes pertes subies lors de la guerre ont provoqué une grande colère envers le tsar. Comme dans d'autres pays en cours d'industrialisation, beaucoup d'ouvriers agricoles avaient déménagé dans les villes, ce qui a eu pour résultat une grande population active urbaine, dont une bonne partie était sans emploi et affamée. Une classe grandissante de gens d'affaires et de professionnels se créait également, et se laissait de plus en plus influencer par les nouvelles et révolutionnaires idées politiques.


La quatrième Douma a accepté de suspendre ses activités pour la durée de la Première Guerre mondiale, mais ses membres sont devenus de plus en plus mécontents de la manière dont le tsar et les militaires géraient les affaires nationales. La Révolution de février, en 1917, a mené à l'abdication du tsar et à la formation de la République russe. On a appelé son gouvernement le gouvernement provisoire, qui est aussi connu sous le nom de gouvernement Kerensky d'après le nom de son chef, un éminent socialiste.

Bien que la plupart des Russes aient voulu voir la Russie se retirer immédiatement de la guerre, le gouvernement a lancé une nouvelle offensive, ce qui a affaibli le soutien public dont il bénéficiait. Le gouvernement était victime d'une lutte pour le pouvoir entre la gauche et la droite. Le chaos économique s'ajoutait à ces problèmes. La production diminuait, les industries fermaient, le cout de la vie augmentait et on assistait à un chômage de masse. Beaucoup de ceux qui avaient encore du travail déclenchèrent une grève. La dette étrangère montait en flèche et le pays était au bord de la faillite.


À l'automne 1917, des milliers de soulèvements de paysans ont été dirigés contre les propriétaires fonciers et les tentatives de punir les émeutiers rendirent ces derniers encore plus furieux. Les soldats et les marins déclarèrent qu'ils ne reconnaissaient plus l'autorité du gouvernement temporaire et refusèrent de suivre ses ordres. La Révolution d'octobre 1917 a vu les bolchéviques de Lénine prendre le pouvoir, et une guerre civile fit rage de 1917 à 1922. Celle-ci a pris fin avec la formation de l'Union soviétique.

Pendant cette période d'agitation, les groupes révolutionnaires ont assassiné des dirigeants politiques et des fonctionnaires, et le gouvernement a répondu à ces attaques en exécutant ceux qu'il croyait responsables.

Plus de 10 000 personnes ont été assassinées ou exécutées.

L'échec du capitalisme et une succession de parlements infructueux ont conduit les Russes à considérer d'autres points de vue idéologiques.

Le communisme a émergé en Union soviétique en partie comme un refus du libéralisme, mais aussi comme un refus d'un système capitaliste basé sur la richesse et le pouvoir héréditaires dans lequel le citoyen moyen était pauvre, avait très peu de possessions et pratiquement aucune autonomie. Une succession de Douma, suivie par un gouvernement temporaire plus démocratique, avait montré aux Russes que la démocratie parlementaire était inefficace et qu'elle ne provoquerait pas de changements réels.

Lis les sections ci-dessous dans ton manuel Regards sur l'idéologie.

  • « Le Dimanche rouge; le massacre des ouvriers russes », aux pages 164 et 165
  • « Le besoin de changement en Russie », aux pages 168 à 170
  • « Lénine et la montée du communisme », aux pages 169 et 170
  • « Des réformes inefficaces », aux pages 170 et 171
  • « L'établissement du communisme », aux pages 171 et 172

Pendant que tu lis, prends des notes sur les questions suivantes :

  • Quelles idées sur le refus du libéralisme sont présentées?
  • Quelles valeurs et convictions sont derrière l'idéologie du communisme?
  • Crois-tu que ces idées sont justifiées?

Prends des notes, soit dans un cahier soit sur ton ordinateur, sur ce que tu viens de lire dans ton livre. Familiarise-toi avec le guide Comment prendre des notes. Une fois terminé, reviens à cette page afin de continuer ce module.