4.15 – Vie en Union soviétique (suite)


Question à l'étude : Dans quelle mesure la résistance au libéralisme est-elle justifiée?



Au début des années 1900, la Russie était loin derrière le reste de l'Europe au chapitre de l'industrialisation. La plupart des nations européennes avaient développé des mines, des usines et des systèmes de transport pour expédier leurs produits à l'intérieur de leurs frontières et à l'étranger; l'économie russe, elle, était basée presque entièrement sur une agriculture non mécanisée. Sous le règne communiste, l'URSS a lancé un programme ambitieux de modernisation.

À la page précédente, tu as appris comment le Parti communiste avait répandu son message en utilisant des affiches. Les Soviétiques, comme les nazis, ont conçu des programmes d'endoctrinement et de propagande pour soutenir et contrôler le peuple. Ils ont également eu recours à d'autres techniques, notamment

  • une organisation locale, régionale et nationale étendue
  • une police secrète utilisant la terreur comme arme
  • l'établissement de groupes professionnels et culturels et de groupes de jeunes pour soutenir le chef, souvent avec une participation forcée
  • la manipulation du mécontentement populaire (l'utilisation de boucs émissaires). (En Union soviétique, on reprochait souvent aux koulaks et à l'Église les problèmes vécus par les gens.)
Propagande, censure et endoctrinement
ont été utilisés abondamment. Le gouvernement central contrôlait les médias. Des rapports inexacts sur le succès soviétique et des articles sur « l'échec » présumé du capitalisme étaient répandus dans les journaux soviétiques et à la télé. Les romans et les articles qui décrivaient le gouvernement soviétique sous un jour peu flatteur étaient interdits. Les programmes d'études scolaires faisaient la promotion des valeurs du communisme.

La jeunesse était essentielle aux communistes soviétiques. Comme les nazis, ils savaient que le contrôle des jeunes était un élément clé du succès. La Ligue de la jeunesse communiste ou « Komsomol » a été formée sous Lénine. De jeunes gens âgés de 14 à 28 ans étaient encouragés à joindre cette organisation et les enfants plus jeunes pouvaient joindre les Pionniers. Avant les années 1970, le Komsomol comptait des dizaines de millions de membres. Près des deux tiers de la population adulte de la Russie ont appartenu une fois à cette organisation.
 
« Kamsamolka » (Fille du Komsomol)
Nikolay Kasatkin (Domaine public)
« Donnez-moi quatre ans pour enseigner aux enfants et la graine que j'ai semée ne sera jamais déracinée. »
Lénine

La Tcheka, ou « police secrète », a été établie en 1917 pour arrêter « les ennemis de l'État » - ceux qui ont protesté contre le règne du Parti communiste. Plus tard, il est devenu le KGB, qui a employé des milliers de personnes comme informateurs, policiers et gardiens dans les prisons et les bagnes. Avant le milieu des années 1980, on estime qu'il y avait 500 000 agents du KGB et deux-millions d'informateurs volontaires. Les passeports intérieurs impliquaient que les citoyens étaient contrôlés lorsqu'ils se déplaçaient en Russie. Le « livre de travail » exigé de tous les adultes était un compte rendu de leur historique de travail et il était tenu par l'employeur pour prévenir la mobilité des ouvriers.


La participation aux élections était contrôlée. Bien que des non-communistes pouvaient être candidats aux élections, ils devaient d'abord obtenir l'approbation du Parti communiste. Lors des premières élections, le vote était fait à main levée parce qu'on prétendait que les gens devaient déclarer leurs opinions ouvertement. Cela a mené à un taux de participation des électeurs très bas. Plus tard, les élections se tenaient par scrutin secret, mais avec un seul candidat en lice. Ceux qui étaient pour le candidat déposaient leur bulletin de vote dans une boite sans étiquette - ceux qui ne soutenaient pas le candidat devaient marquer leur bulletin et communiquer leur choix aux fonctionnaires responsables du vote, qui pouvaient alors les signaler à la police secrète. Le taux de participation officiel était de 98 %, mais il était beaucoup plus bas en réalité.


En théorie, chacune des quatre constitutions de l'Union soviétique garantissait les droits des citoyens à l'emploi, au loisir, aux soins de santé, au logement, à l'éducation et aux soins de la vieillesse. Les citoyens devaient donc avoir l'égalité des sexes et la liberté de conscience, de discours, de religion, de presse et d'assemblée, et bénéficier de la protection de leur intimité. Le taux d'alphabétisation a augmenté et les femmes ont fait des gains importants vers l'égalité sous le règne soviétique. Cependant, beaucoup de ces droits n'ont été soutenus que dans la mesure où ils étaient en harmonie avec les objectifs communistes.

L'opposition faisait partie intégrante du processus au moment où l'URSS a été fondée, mais plus tard, toute critique de la politique publique a été considérée comme antisoviétique et pouvait mener à l'emprisonnement ou à la mort. Les dissidents remarquables Alexandre Soljénitsyne (un romancier) et Andrei Sakharov (l'inventeur de la bombe H soviétique) étaient capables de faire connaitre l'oppression subie en Union soviétique au monde extérieur. Soljénitsyne croyait que les Soviétiques ne pouvaient pas régner sans la menace d'emprisonnement et que son économie ne pouvait pas réussir sans l'utilisation des bagnes. Il a écrit sur ses expériences comme prisonnier dans un de ces camps et a mené des recherches sur ceux-ci. Son livre, L'archipel du goulag, a été publié par la presse clandestine ou samizdat, et il est paru à l'Ouest.

Il a été exilé de l'Union soviétique. Pour sa part, Sakharov a protesté contre l'accumulation d'armes et il croyait que la menace de destruction mondiale par la guerre nucléaire était très réelle. Son essai, Réflexions sur le progrès, la coexistence pacifique et la liberté intellectuelle, a été publié dans la presse clandestine et à l'Ouest. Il a continué à protester contre l'expansion militaire soviétique et il a milité pour les droits de la personne. Par conséquent, il a été assigné à domicile pendant plusieurs années.

Lis la section « Le communisme dans l'Union soviétique » aux pages 179 à 181 de ton manuel Regards sur l'idéologie.

Pendant que tu lis, prends des notes sur les questions suivantes :

  • Quelles idées sur le refus du libéralisme sont présentées?
  • Quelles valeurs et convictions sont derrière l'idéologie du communisme?
  • Crois-tu que ces idées sont justifiées?

Prends des notes, soit dans un cahier soit sur ton ordinateur, sur ce que tu viens de lire dans ton livre. Familiarise-toi avec le guide Comment prendre des notes. Une fois terminé, reviens à cette page afin de continuer ce module.

Enrichissement


Lis L'archipel du goulag du romancier Alexandre Soljénitsyne. Écrit de 1958 à 1967 dans la clandestinité, l'ouvrage ne se veut ni une histoire du Goulag ni une autobiographie, mais le porte-parole des victimes du Goulag : il est écrit à partir de nombreux témoignages de prisonniers ainsi que de l'expérience de l'auteur. Soljénitsyne a en effet passé 8 ans dans le Goulag en Sibérie pour activité contre-révolutionnaire.