5.7 – Imposition du libéralisme


Question à l'étude : Dans quelle mesure les principes du libéralisme sont-ils viables?


Que signifie l'expression « imposer » le libéralisme?« Imposer » quelque chose veut dire le faire respecter ou le rendre obligatoire. Est-il possible de faire respecter le libéralisme? Les droits et les libertés peuvent-ils d'une manière ou d'une autre être « infligés » aux gens?

Considère de nouveau les principes du libéralisme. Comment peut-on contraindre les gens à les accepter contre leur volonté?

  • Droits individuels et libertés
  • Propriété privée
  • Liberté économique
  • Intérêt personnel
  • Concurrence
  • Règle de droit

Le libéralisme est « imposé » lorsque les gens sont forcés d'accepter des principes qui se distinguent de leurs propres valeurs ou convictions. Tu as appris que le libéralisme a été imposé aux Premières Nations du Canada lorsqu'on a voulu qu'elles adoptent un système d'éducation occidental et qu'elles renoncent à l'utilisation de leur territoire collectif en échange de la propriété privée. Le libéralisme est imposé aux gens quand les convictions religieuses établissent des droits et des libertés différents pour les hommes et pour les femmes. Le libéralisme est imposé aux anciennes nations communistes, qui accordaient de la valeur à la responsabilité collective et à l'égalité économique, lorsqu'on les force à souscrire à la responsabilité individuelle et à la propriété privée.

Le libéralisme peut être imposé pour plusieurs raisons, et le monde d'aujourd'hui présente un grand nombre d'exemples de cette imposition.

Lis la section « Amener le libéralisme au monde » aux pages 318 à 322 de ton manuel Regards sur l'idéologie.

Prends des notes, soit dans un cahier soit sur ton ordinateur, sur ce que tu viens de lire dans ton livre. Familiarise-toi avec le guide Comment prendre des notes. Une fois terminé, reviens à cette page afin de continuer ce module.

Les évènements qui se sont produits récemment en Afghanistan et en Iraq fournissent deux exemples de l'imposition du libéralisme.

L'Afghanistan est un territoire qui a été disputé pendant des générations. Territoire autonome jusqu'à ce que les Britanniques tentent de s'en emparer pendant les années 1800, il a été une monarchie pendant une grande partie du 20e siècle. Cette époque a été marquée par des assassinats jusqu'à ce qu'un coup d'État sanglant mène à l'établissement d'une république qui sera de courte durée.

Une guerre par procuration entre les États-Unis et l'Union soviétique a fait rage sur son territoire de 1979 à 1989. Durant cette guerre, de 600 000 à 2 millions de personnes ont été tuées et 5 millions de personnes sont devenues des réfugiés.

L'action militaire des deux superpuissances a placé des milliers d'armes entre les mains du Moudjahidine, des « combattants de la liberté ».

De 1996 à 2001, l'Afghanistan a été gouverné par le régime taliban, un groupe politique islamique sunnite. Bien que le régime taliban ait ses racines politiques dans le système des conseils de tribus, où les décisions étaient prises par consensus, en réalité, c'est un chef religieux, Mollah Omar, qui prend toutes les décisions, en consultant peu ou pas les autres. Sous le régime taliban, l'Afghanistan a suivi la loi de la charia prétendument exposée comme telle dans le texte sacré de l'Islam, le Coran.

Sous le régime taliban, une femme ne pouvait pas quitter sa maison sans un surveillant mâle, les fillettes ne pouvaient pas aller à l'école et des monuments religieux historiques ont été détruits. Les images ont été interdites, y compris les figures dans les textes médicaux et les conférences. Comme le dévoilait le New York Times, les choses suivantes étaient interdites : « le porc, le cochon, l'huile de porc, tout ce qui était fait de cheveux humains, les antennes paraboliques, le cinéma et l'équipement qui permet de produire le plaisir musical, les tables de billard, les échecs, les masques, l'alcool, les cassettes, les ordinateurs, les magnétoscopes, la télévision, tout ce qui faisait la promotion du sexe et de la musique, le vin, le homard, le vernis à ongles, les pétards, les statues, les catalogues d'articles de couture, les images et les cartes de Noël ».

Un autre groupe fondamentaliste islamique, al-Qaida, et son chef Oussama Ben Laden, a trouvé refuge sur le territoire sûr de l'Afghanistan, qui est pour eux le seul vrai État islamique. De leur base en Afghanistan, les membres d'al-Qaida ont planifié et réalisé beaucoup d'attaques terroristes dans le monde, notamment les attaques du World Trade Center à New York et du Pentagone à Washington, en septembre 2001.


L'opération militaire appelée « Liberté immuable » a été déployée par les États-Unis, la Grande-Bretagne et les forces de la coalition qui sont entrées en Afghanistan en réponse à l'attaque du World Trade Center. Prétendant que leur propre sécurité avait été menacée, en octobre 2001, la force militaire a renversé le régime taliban et a établi une forme de démocratie libérale. Cette forme de gouvernement était étrangère à l'Afghanistan, et beaucoup d'individus et d'organisations s'y sont opposés. Le régime taliban a toujours beaucoup de pouvoir et tente encore de reprendre le contrôle du pays avec un leadeurship exilé au Pakistan basé sur ses principes islamiques.


Il est difficile d'estimer les pertes humaines découlant de cette guerre. L'attaque initiale a tué des milliers de civils et de talibans, et les combats ont continué, causant encore beaucoup de morts. Les estimations relatives aux pertes civiles de 2001 à 2010 varient de 6 000 à 30 000 morts, la plupart causées par des bombes posées par le régime taliban le long des routes, par les kamikazes (attentats-suicides) et par les centaines d'attaques aériennes menées par la coalition. Au début de l'année 2010, plus de 1 700 soldats des forces de la coalition avaient déjà péri.





De 1968 à 2003, l'Iraq a été gouverné par le Parti socialiste Ba'ath. Même si d'autres partis politiques étaient autorisés, le système était fait de telle sorte que le Parti Ba'ath était le seul qui pouvait vraiment exercer le pouvoir. Sous Saddam Hussein, qui est devenu président vers la fin de 1970, l'Iraq s'est consacrée au socialisme, à la restauration de la fierté pour le passé de l'Iraq, à l'unification des États arabes au Moyen-Orient et au développement d'une société séculaire dans laquelle les femmes avaient l'égalité des droits. Hussein était aussi un dictateur. Son armée a envahi le Koweït pendant la guerre du Golfe en 1990, une invasion dénoncée par les Nations Unies. L'armée iraquienne a été chassée rapidement du territoire par une coalition menée par les États-Unis. Peu de temps après le début de l'opération Liberté immuable en Afghanistan, les États-Unis ont commencé à remettre en cause la légitimité du leadeurship en Iraq.

En se basant sur la conviction mal fondée que l'Iraq construisait des armes de destruction massive, les États-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés ont envahi ce pays. Prétendant que les Iraquiens souhaitaient qu'on les libère de l'oppression d'un dictateur brutal, la coalition a finalement capturé le président Saddam Hussein, qui a plus tard été exécuté par le nouveau gouvernement démocratique de l'Iraq.

L'invasion de l'Iraq a non seulement mis fin à son système politique; elle a aussi détruit l'infrastructure du pays et déstabilisé son économie. De 2003 à 2010, plus de 100 000 civils auraient été tués, et ce chiffre pourrait avoisiner le million selon certains. Le gouvernement iraquien estime qu'en 2010, l'Iraq comptait au moins cinq-millions d'orphelins, soit plus de la moitié des enfants de ce pays.

Dans le cas de l'Afghanistan et de l'Iraq, il est possible de soutenir que le « libéralisme » a été imposé par une force extérieure. Bien que le vice-président américain Dick Cheney ait déclaré que les membres des forces américaines seraient accueillis comme des libérateurs et que la guerre avec l'Iraq serait de courte durée, cette question a soulevé bien de la controverse. Il est peut-être vrai que beaucoup de citoyens de ces pays étaient opprimés et qu'ils souhaitaient un changement de gouvernement, mais aucune de ces nations n'a réclamé une intervention militaire. Les deux pays ont été dévastés et continuent de faire face aux défis que pose le pouvoir auquel ils sont soumis.

Parmi les plus farouches opposants à l'intervention en Iraq se trouvait la France qui privilégiait les discussions au sein du Conseil de sécurité plutôt que la solution militaire. En 2003, Dominique de Villepin alors ministre des affaires étrangères prononce un discours devant l'ONU contre la guerre en Irak. Ce discours reste gravé comme l'un des derniers grands moments de la diplomatie française.

Lis la section « L'engagement canadien en Afghanistan » à la page 323 de ton manuel Regards sur l'idéologie.

Pendant que tu lis, prends des notes sur les questions suivantes :

  • L'imposition du libéralisme reflète-t-elle la volonté des gens? Si oui, de quelles personnes?
  • L'imposition du libéralisme peut-elle être justifiée?

Prends des notes, soit dans un cahier soit sur ton ordinateur, sur ce que tu viens de lire dans ton livre. Familiarise-toi avec le guide Comment prendre des notes. Une fois terminé, reviens à cette page afin de continuer ce module.

 Réfléchis


  • Combien « la liberté » d'un pays devrait-elle couter en termes de vies humaines?
  • Es-tu d'accord avec le vieux dicton qui dit « donne-moi la liberté ou donne-moi la mort »?
  • Es-tu d'accord avec le dessinateur de la page précédente qui suggère que la liberté obtenue par les citoyens de l'Afghanistan et de l'Iraq est la liberté de n'avoir plus rien à perdre?