1.29 – La loyauté non nationaliste québécoise




Question à l'étude : Dans quelle mesure la nation devrait-elle être le fondement même de l'identité?


Grandes idées

  • La loyauté envers les identités non nationalistes peut entrer en conflit avec la loyauté nationaliste.
  • Réconcilier le nationalisme avec les loyautés non nationalistes est un défi au Canada.


Nationalisme québécois


La menace de loin la plus forte pour l'union canadienne vient du mouvement séparatiste dans la province de Québec, résultat du régionalisme et de la disparité politique et culturelle. Les séparatistes pensent que faire partie du Canada n'est plus une option. Ils sont convaincus que le Québec est une société culturelle distincte qui se porterait bien mieux toute seule parce qu'elle n'a vraiment aucune attache avec le reste du Canada.

La longue histoire des préoccupations du Québec pour la survie de la culture française dans un pays qui, en dehors du Québec, est largement de langue anglaise a produit un sentiment d'aliénation au Québec. Ces sentiments ont souvent été exprimés à travers des mouvements politiques. Deux partis politiques se sont formés dont le but principal est de se séparer du Canada : au niveau fédéral, le Bloc québécois et au niveau de la province de Québec le Parti québécois.

Lors de la Confédération (quand le Canada a été créé en 1867), de nombreux Québécois étaient préoccupés par le fait d'être largement dominés par la majorité anglaise, mais ils espéraient que les garanties d'utilisation de la langue française au parlement du Canada et dans la législature du Québec leur offriraient une protection suffisante. Ils comptaient également sur le fait que les provinces puissent se gouverner elles-mêmes dans de nombreux domaines. Pendant le siècle qui a suivi la Confédération, les Français au Québec se sont vus devenir de plus en plus une minorité au sein du Canada bien que représentant une majorité dans leur propre province. Pendant cette période, plusieurs épisodes de confrontations entre français et anglais se sont produits, notamment la crise de la conscription pendant la Première Guerre mondiale.

Durant cette révolution tranquille des années 1960 au Québec, les Canadiens français se sont vus en tant que minorité au sein du Canada et en tant que citoyens de seconde zone à l'intérieur de leur propre province, laquelle avait été de langue française pendant plus de trois cents ans, mais qui était contrôlée par des entreprises de langue anglaise. Les Québécois français voulaient regagner le contrôle de leur propre province. Pour obtenir ce contrôle, les Québécois sentaient que le Québec devait être traité différemment des autres provinces. Autrement dit, il fallait lui donner un statut (ou position) spécial au sein du Canada pour préserver la culture française et pour assurer que les Canadiens français allaient bénéficier d'un traitement juste au sein du Canada.

La Révolution tranquille n'est pas restée tranquille. Devenus conscients sur le tard des problèmes du Québec au sein de la Confédération, de nombreux Québécois se sont mis à craindre que la culture française du Québec se détruise de l'intérieur. Un taux de naissance décroissant doublé d'un désir croissant chez les immigrés au Québec d'apprendre l'anglais plutôt que le français a fait naitre chez les Québécois une crainte pour l'avenir du français au Québec. Certains se sont tournés vers le séparatisme - la séparation du Québec du reste du Canada. Les nationalistes québécois avaient pour argument que seul un Québec indépendant pourrait passer des lois nécessaires à la préservation de leur culture.

Certains Québécois ont eu recours à la violence pour arriver à leurs fins. Le plus célèbre de ces groupes était le Front de libération du Québec - le FLQ. Ce groupe a commis des vols à main armée et a posé des bombes dans les gares de chemin de fer, les bâtiments du gouvernement et les boites aux lettres dans les quartiers anglais les plus aisés de Montréal. Les années passant, ces bombes ont tué six personnes et blessé de nombreuses autres. En 1970, le FLQ a enlevé le commissaire au commerce britannique du Canada et le ministre du Travail provincial du Québec. Pour leur remise en liberté, le FLQ demandait de l'or et la libération de 23 prisonniers. Le gouvernement canadien a invoqué la Loi sur les mesures d'urgence qui donnait au gouvernement fédéral le pouvoir de suspendre les droits civils. En réponse, le FLQ a tué le ministre provincial du Travail du Québec. Finalement, il a été mis un terme à la crise du FLQ. Comment le Canada devrait-il aborder le problème québécois de la séparation?

Depuis la crise du FLQ de 1970, les exigences des Québécois concernant la séparation n'ont pas fléchi. Le Québec a tenu deux référendums provinciaux sur la séparation du Québec (en 1980 et en 1995) - les deux ont été rejetés.


Visionne la vidéo suivante sur l'annonce des résultats du referendum du Québec de 1995.


Le Canada a organisé un référendum national en 1992 (votation sur l'accord de Charlottetown)  sur l'attribution au Québec du statut de société distincte au sein du Canada; celui-ci a été également rejeté à 54,3 % des voix.

* Le séparatisme du Québec est un problème persistant au Canada et sera traité plus loin dans un prochain module.

Réfléchis à ces questions en pensant au nationalisme canadien et au nationalisme québécois :
  • Comment les problèmes associés au régionalisme, à la disparité politique et culturelle et au nationalisme québécois ont-ils été traités au Canada?
  • Y a-t-il un moyen grâce auquel le nationalisme québécois peut-être réconcilié avec le nationalisme canadien?