1.31 – Le bilinguisme




Question Ă  l'Ă©tude : Dans quelle mesure la nation devrait-elle ĂȘtre le fondement mĂȘme de l'identitĂ©?


Grande idée

  • RĂ©concilier le nationalisme avec les loyautĂ©s non nationalistes est un dĂ©fi au Canada.

Réconcilier les loyautés non nationalistes : Bilinguisme

Comme tu le sais dĂ©jĂ , le Canada est un État multination. La population du Canada est composĂ©e de personnes venant de plusieurs groupes culturels et ethniques. Pour cette raison, des personnes ayant des langues, des coutumes, des religions et des croyances diffĂ©rentes vivent dans tout le Canada. Le fait que ces personnes aient divers codes de conduite, attitudes envers le mariage, convictions pour Ă©lever leurs enfants et pour leur Ă©ducation, ou opinions sur les politiques du gouvernement, ne devrait pas ĂȘtre une surprise.

Malgré cette grande variété, il n'en demeure pas moins qu'il y a un seul systÚme global de loi et une seule structure politique que les citoyens canadiens suivent et respectent. Le Canada est une société pluraliste. Le pluralisme permet aux personnes de religions et de points de vue politiques variés de suivre leurs convictions et d'exprimer leurs préoccupations indépendamment et dans les limites imposées par la société canadienne.

Le pluralisme permet Ă  l'État multination du Canada d'ĂȘtre une nation civique dotĂ©e d'un nationalisme civique. Le gouvernement du Canada a fourni trois moyens importants pour que le Canada soit une nation civique :

  • Bilinguisme
  • Multiculturalisme
  • Charte canadienne des droits et libertĂ©s

Bilinguisme

En 1963, une Commission royale d'enquĂȘte sur le bilinguisme et le biculturalisme a Ă©tĂ© Ă©tablie pour examiner les moyens d'amĂ©liorer et de renforcer les relations entre les communautĂ©s anglaise et française du Canada. Avec l'entrĂ©e en vigueur de la Loi sur les langues officielles en 1969, l'anglais et le français sont devenus les deux langues officielles du Canada. Bien que d'autres langues soient parlĂ©es au Canada, elles n'ont pas le statut de langues officielles. Une politique bilingue est appropriĂ©e parce que le fait d'avoir une multitude de langues officielles ou de langues de travail pour le travail du gouvernement et le secteur public aurait Ă©tĂ© trop dĂ©routant.

Alors que le bilinguisme est destiné à profiter au pays dans son ensemble, il y a eu des critiques au sujet de la politique des deux langues officielles du Canada. Les anglophones (les personnes parlant anglais) comme les francophones (les personnes parlant français) ont émis des doutes à propos de cette politique :

Point de vue anglais Point de vue français
  • Les anglophones craignent d'ĂȘtre exclus de la politique et des postes du gouvernement s'ils ne sont pas bilingues.
  • Maintenir une politique avec deux langues coute cher.
  • La politique sĂ©parera les Canadiens et ne les rĂ©unira pas.
  • Les français du QuĂ©bec ne veulent pas parler français Ă  Calgary. Ils veulent la garantie qu'ils seront toujours capables d'utiliser le français dans la vie de tous les jours au QuĂ©bec.
  • La seule façon de garantir que la culture française survivra est que le français soit la seule langue parlĂ©e au QuĂ©bec. Des protections supplĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour assurer la survie de la langue et de la culture française.
  • La langue française est en danger de disparition. La majoritĂ© des immigrants au QuĂ©bec ne sont pas francophones. Dans peu de temps, seul un faible pourcentage de la population parlera français. C'est pourquoi la langue française doit ĂȘtre protĂ©gĂ©e.

Pas mal de Québécois francophones pensaient que la protection de leur langue était nécessaire et le gouvernement québécois a mis en application la Charte de la langue française en 1976. Au titre de cette loi, le français est devenu la langue officielle du Québec - la seule langue du gouvernement et des tribunaux aussi bien que la langue des affaires et de l'enseignement. L'opposition à la Charte de la langue française a été trÚs forte. De nombreux Canadiens de langue anglaise estimaient qu'ils ne devraient pas avoir à accepter le bilinguisme national si le Québec n'était pas une province bilingue.

En 1984, la Cour suprĂȘme du Canada a dĂ©crĂ©tĂ© que la Charte de la langue française transgressait la Charte canadienne des droits et libertĂ©s. Cette dĂ©cision a eu pour effet d'outrager les nationalistes du QuĂ©bec. Ils pensaient que les nominations Ă  la Cour suprĂȘme du Canada Ă©taient contrĂŽlĂ©es par le Canada anglais et que la dĂ©cision contre la Charte de la langue française Ă©tait un autre coup du Canada anglais contre la culture française au QuĂ©bec.

En 1988, le gouvernement du QuĂ©bec a remplacĂ© la Charte de la langue française par une nouvelle loi. La loi 178 comprenait une clause qui dĂ©crĂ©tait que seul le français devait ĂȘtre utilisĂ© sur les enseignes commerciales extĂ©rieures. Une plainte fut dĂ©posĂ©e Ă  la commission des droits de l'homme des Nations Unies. La commission de l'ONU dĂ©crĂ©ta que la loi venait Ă  l'encontre des normes universellement acceptĂ©es sur la libertĂ© d'expression. En 1993, le gouvernement du QuĂ©bec modifia le projet de loi 178. Les nouvelles rĂšglementations stipulaient que les enseignes pouvaient ĂȘtre en français et dans une autre langue dans la mesure oĂč la partie en français Ă©tait deux fois plus grande que la partie dans l'autre langue. Bien que ce soit un compromis, il Ă©tait clair que les francophones du QuĂ©bec ressentaient le besoin de protĂ©ger leur langue.

ConsidÚre ces questions en réfléchissant à la politique du bilinguisme canadien :
  • Le bilinguisme favorise-t-il la promotion de l'unitĂ© canadienne, ou bien crĂ©e-t-il des divisions dans la sociĂ©tĂ© canadienne?
  • Le bilinguisme rĂ©concilie-t-il les loyautĂ©s non nationalistes avec le nationalisme canadien?