3.10 – Comprendre les alliances européennes




Question à l'étude : Dans quelle mesure les intérêts nationaux devraient-ils être poursuivis?


Grandes idées

  • Nations et États-nations poursuivent des intérêts nationaux de différentes façons.
  • Le nationalisme peut influencer la décision de poursuivre des intérêts nationaux.
  • Le nationalisme peut influencer la façon dont les intérêts nationaux sont poursuivis.

Les alliances ont sans aucun doute affecté la décision d'entrer en guerre. L'Autriche-Hongrie et la Serbie savaient toutes les deux que si elles étaient attaquées, elles avaient des alliés puissants pour venir à leur rescousse. La Russie soutenait la Serbie et l'Allemagne soutenait l'Autriche-Hongrie. Il importe de se souvenir des alliances, car les deux grands groupes avaient leurs propres motifs de vouloir contrôler les Balkans et chacun d'entre eux n'était pas prêt à en concéder le contrôle à l'autre. Également importante est la façon dont l'effondrement de l'empire austro-hongrois affecterait ses alliés, spécialement l'Allemagne. Sans une forte Autriche-Hongrie, l'Allemagne serait effectivement isolée et entourée d'États-nations qui, sans aucun doute, ne tolèreraient pas le militarisme de l'Allemagne. Par conséquent, l'Allemagne ne pouvait pas permettre à l'Autriche-Hongrie d'être vaincue.

Et aucun groupe d'alliés ne voulait non plus céder les précieuses ressources de la région et l'accès maritime qu'offraient les Balkans. Une résolution issue d'un conseil des puissances incluant la Grande-Bretagne et l'Allemagne avait été suggérée, mais elle avait été finalement rejetée dans la mesure où aucune des parties ne permettrait aux positions de leurs alliés d'être affaiblies. La Serbie et l'Autriche-Hongrie étaient dans une impasse, autrement dit aucun progrès ne pouvait être accompli dans la mesure où aucune des parties ne souhaitait faire de compromis.

Ni la Serbie ni l'Autriche-Hongrie ne pensaient que le conflit se propagerait au monde entier. Les guerres et les conflits avaient dominé la politique des Balkans pendant de nombreuses décennies. Des territoires étaient perdus, gagnés et finalement à nouveau disputés. Le concept de conflit mondial était inconcevable.

Il faut également tenir compte du fait que la colère obscurcit les problèmes. Quand des personnes ou des groupes sont confrontés à un combat, ces derniers ne prennent pas en compte la défaite ou les victimes potentielles dans leur décision d'entrer dans le conflit. En d'autres termes, ni la Serbie ni l'Autriche-Hongrie ne semblaient envisager ce qui se passerait si une guerre étendue venait à se déclarer. Comme dans de nombreux conflits, on se concentrait sur les gains potentiels (ressources, accès à la mer et/ou aux ports) et non sur les pertes possibles.

La guerre pouvait-elle être empêchée? À long terme, une guerre entre les États-nations européens majeurs était probablement inévitable pour deux raisons principales :

  1. Le nationalisme serbe était à son paroxysme. La révolte contre l'Empire ottoman avait donné lieu à l'indépendance de la Serbie. De nouvelles actions agressives pouvaient sans doute répondre aux objectifs serbes, à savoir la création d'un empire slave.

  2. L'Autriche-Hongrie avait « le dos au mur ». Si elle ne réagissait pas fermement aux ambitions serbes, les autres nations des Balkans mettraient probablement leurs demandes sur la table ou s'uniraient avec la Serbie pour forcer le débat.