3.21 – Documents britanniques




Question Ă  l'Ă©tude : Dans quelle mesure les intĂ©rĂȘts nationaux devraient-ils ĂȘtre poursuivis?


Grande idée

  • Le nationalisme peut influencer la dĂ©cision de poursuivre des intĂ©rĂȘts nationaux.

La capacité à mettre les événements en perspective est importante en études sociales. Tu vas examiner comment les politiciens britanniques ont décrit le chemin vers la PremiÚre Guerre mondiale. Présenté à la Chambre des communes britannique, le Livre blanc britannique contient des extraits de courriers reçus et envoyés au bureau des affaires étrangÚres de la Grande-Bretagne.

Examine ces documents

Garde ces questions Ă  l'esprit quand tu lis les extraits:

  • Pourquoi la Grande-Bretagne Ă©tait-elle prĂȘte Ă  dĂ©clarer la neutralitĂ© et Ă  abandonner la France?
  • La Grande-Bretagne Ă©tait-elle prĂȘte Ă  travailler avec l'Allemagne pour prĂ©server la paix?
  • Étant donnĂ© que la Grande-Bretagne suivait ses propres intĂ©rĂȘts nationaux avec ses alliances, l'impĂ©rialisme, le militarisme et le nationalisme, penses-tu que la Grande-Bretagne aurait pu arriver Ă  une rĂ©solution pacifique avec l'Allemagne dans la crise des Balkans?

Document britannique sur les origines de la guerre, 1898-1914

Vol. XI : Le déclenchement de la guerre : Document des Affaires étrangÚres, du 28 juin au 4 aout 1914

À noter : Des remaniements de texte ont Ă©tĂ© apportĂ©s pour abrĂ©ger certaines parties et dans une optique de simplification. Les mots entre crochets [ ] font rĂ©fĂ©rence Ă  des mots qui ont Ă©tĂ© remplacĂ©s pour une meilleure comprĂ©hension. Les mots entre parenthĂšses egg apportent certains dĂ©tails supplĂ©mentaires pour t'aider Ă  comprendre des termes spĂ©cifiques. Les points de suspension (...) sont utilisĂ©s pour indiquer des mots qui ont Ă©tĂ© omis parce qu'ils donnaient des dĂ©tails supplĂ©mentaires augmentant la difficultĂ© de comprĂ©hension sans toutefois expliquer des idĂ©es majeures.

Le document à lire est une partie de la correspondance diplomatique extraite du Livre blanc présenté à la Chambre des communes le 6 août 1914. Le Livre blanc a été préparé pour informer le Parlement des évÚnements qui ont déclenché la guerre ainsi que du rÎle qu'y a joué le gouvernement britannique. Une lecture attentive de la correspondance donne une image claire de la position de la Grande-Bretagne, la position qui en fin de compte a abouti à son engagement dans la PremiÚre Guerre mondiale.

(34734) N° 303.
Sir Edward Grey Ă  Sir E. Goschen.
Affaires étrangÚres, 30 juillet 1914.
Tél. (N° 231.)
D. 15h30


[Il s'agit d'un télégramme adressé à Sir E. Goschen, l'ambassadeur de Grande-Bretagne en Allemagne, de la part de Sir Edward Grey, le ministre des Affaires étrangÚres de Grande-Bretagne. Les raisons invoquées par la Grande-Bretagne pour s'engager dans la guerre sont clairement exposées. Note la date. Cette correspondance a été écrite peu de temps aprÚs l'ultimatum de l'Autriche-Hongrie à la Serbie qui a suivi l'assassinat de l'archiduc Ferdinand. La question qui taraude encore les historiens est de savoir pourquoi Grey et, par conséquent, la Grande-Bretagne n'évoquait pas clairement ses sentiments sur la neutralité belge et comment la Grande-Bretagne répondrait si l'Allemagne livrait une guerre contre la Russie ou la France].

Vous devez informer [le] chancelier allemand que sa proposition consistant Ă  nous associer Ă  la neutralitĂ© dans de telles conditions ne peut mĂȘme pas ĂȘtre envisagĂ©e une seconde.

Il nous demande en effet de nous engager Ă  ne pas bouger le petit doigt si les colonies françaises sont annexĂ©es et si la France est vaincue dans la mesure oĂč l'Allemagne ne considĂšre pas le territoire français comme Ă©tant distinct de ses colonies.

D'un point de vue matĂ©riel, cette proposition est inacceptable, car la France pourrait ĂȘtre Ă©crasĂ©e de telle sorte qu'elle perde sa position de grande puissance et soit amenĂ©e Ă  se subordonner Ă  la politique allemande sans que d'autres territoires en Europe ne lui soient saisis.

Mais à part cela, nous impliquer dans un tel marché avec l'Allemagne aux dépens de la France serait une disgrùce dont ce pays ne se remettrait jamais.

Le chancelier nous a en effet Ă©galement demandĂ© de mettre de cĂŽtĂ© toute obligation ou intĂ©rĂȘt que nous avons [envers] la neutralitĂ© de la Belgique. Nous ne pouvons pas non plus envisager une seconde ce marchĂ©.

Ceci Ă©tant dit, il n'est pas nĂ©cessaire d'examiner si la perspective d'un accord futur de neutralitĂ© gĂ©nĂ©rale conclu entre l'Allemagne et l'Angleterre offrirait des avantages positifs compensant suffisamment le fait d'avoir les mains liĂ©es maintenant. Ma rĂ©ponse doit ĂȘtre que nous devons prĂ©server notre totale libertĂ© d'action, quelles que soient les circonstances pouvant se prĂ©senter Ă  nous dans tout dĂ©veloppement de la crise prĂ©sente, si dĂ©favorables et regrettables qu'elles soient selon le chancelier.

Vous devriez ajouter plus fermement qu'une façon de maintenir les bonnes relations entre l'Angleterre et l'Allemagne est de continuer à travailler ensemble pour préserver la paix en Europe; si nous réussissons cet objectif, les relations mutuelles de l'Allemagne et de l'Angleterre, je pense, s'en trouveront ipso facto améliorées et renforcées. Pour cette raison, le gouvernement de Sa Majesté travaillera dans ce but avec toute la sincérité et la bonne volonté nécessaires.

Et si la paix de l'Europe peut ĂȘtre prĂ©servĂ©e, et si cette crise peut se dissiper en toute sĂ©curitĂ©, je m'efforcerai de promouvoir certaines dispositions dont l'Allemagne pourrait ĂȘtre partie prenante et Ă  travers lesquelles elle pourrait ĂȘtre assurĂ©e qu'aucune politique hostile ou agressive ne serait menĂ©e Ă  son encontre ni Ă  celle de ses alliĂ©s par la France, la Russie et nous-mĂȘmes, ensemble ou sĂ©parĂ©ment. C'est ce que j'ai dĂ©sirĂ© et ce Ă  quoi j'ai ƓuvrĂ© autant que je le pouvais pendant toute la Crise des Balkans, et l'Allemagne ayant un objectif correspondant, nos relations s'en sont trouvĂ©es sensiblement amĂ©liorĂ©es. L'idĂ©e jusqu'Ă  prĂ©sent a Ă©tĂ© trop utopiste pour faire l'objet de propositions claires et nettes, mais si cette crise actuelle, bien plus aigĂŒe que toutes celles que l'Europe a connues depuis des gĂ©nĂ©rations, se dissipe sans autres problĂšmes, je garde l'espoir que la rĂ©action et le soulagement qui suivront feront en sorte qu'un rapprochement plus marquĂ© entre les puissances sera plus que jamais une possibilitĂ©.

— Collection hĂ©bergĂ©e aux Archives de l'UniversitĂ© Brigham Young.
Les documents d'origine peuvent ĂȘtre consultĂ©s dans leur totalitĂ© sur le site
http://net.lib.byu.edu/estu/wwi/1914m/gooch/300-320.htm.
Imprimé et publié par le Bureau de l'imprimerie de Sa Majesté, 1926